Mais que fait la police ?
Retour au blogUne chercheuse de l’Ecole des sciences criminelles évoque dans une étude, les nouvelles tactiques d’interrogatoires de police.
Attention c’est du sérieux et ce n’est pas la « taca-taca-taca-tac-tactique du gendarme » de Bourvil…
Il en ressort en substance ce qui suit :
1) En première analyse, lors de l’interrogatoire l’accent est mis sur la psychologie et les liens de confiance. Il faut avoir une certaine empathie et une attitude ouverte pour faciliter la parole … c’est-à-dire, en fait… les aveux du prévenu…
2) La préparation de l’interrogatoire est essentielle. Il faut créer un climat intime et propice aux confidences en se positionnant en coin de table et non pas en face du prévenu. Cela permet notamment « d’observer sans être vu » le fameux langage corporel.
3) Savoir s’il faut être seul ou en binôme pour l’interrogatoire est une question difficile à trancher, mais en principe l’interrogatoire à deux est privilégié. Il va sans dire que la tactique du « bon et du mauvais flic » est toujours d’actualité.
4) Le silence est aussi d’importance puisqu’il permet au prévenu de réfléchir, mais aussi de s’épancher. Le point central est le type de questions à poser car plus elles sont ouvertes, plus elles permettent d’obtenir les informations voulues. C’est ici le cœur de la bataille puisqu’un prévenu intelligent en dira le moins possible.
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Ces enseignements ne devraient pas être exclusivement donnés au prévenu mais aussi à leurs avocats -dont l’étude relève par ailleurs- qu’ils sont parfois problématiques…..Il est clair que sous l’égide des anciens Codes cantonaux (qui interdisaient la présence des avocats devant la police et devant le Procureur), la situation était beaucoup plus simple ! … Mais même si le système évolue, les principes de base demeurent :
A) Lors d’une audition par la police ou un magistrat, il faut garder le silence et attendre son avocat.
B) Pour permettre une défense efficace, il est préférable d’expliquer toute l’affaire à son avocat qui est soumis au secret professionnel, faut-il le rappeler.
C) Répondre aux questions par des phrases courtes, en évitant de s’épancher pour ouvrir des portes alors que le prévenu a intérêt à en fermer… pour ne pas dire …de la fermer…
D) Ne pas oublier de faire répéter les questions et de demander un interprète si on ne maitrise pas totalement la langue de Molière.
E) Demander des pauses lors d’un interrogatoire long et fatiguant pour se soulager et boire de l’eau mais surtout pour reprendre ses esprits.
F) Surtout relire avec soin le procès-verbal et ne pas hésiter à demander des modifications si ce qui est retranscrit ne correspond pas à vos déclarations.
G) Enfin ne pas hésiter à poser toutes les questions possibles et imaginables à son avocat après l’audition et surtout ne pas hésiter à faire valoir tous ses droits.
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Ce parcours du combattant est ardu mais il ne faut jamais minimiser l’incidence des auditions mal préparées ou bâclées sur la suite de la procédure ; parfois il est trop tard pour les corriger par la suite.
Bonne chance à vous tous et soyez vigilant !
Véronique Fontana
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